En 2016, la loi Garot relative au gaspillage alimentaire interdit la destruction de denrées consommables. Elle contraint les supermarchés, et bientôt la restauration collective, à céder leurs invendus à des associations. Voilà pour le contexte.
Au même moment, Cœurs Résistants et les Glaneurs Rennais remarquent que de plus en plus d’étudiants se présentent aux distributions organisées pour les plus précaires. Fortes de ce constat, les deux associations frappent à la porte de l’Université.
Des oreilles attentives, quelques personnes motivées et beaucoup d’investissement font le reste : en janvier 2019, l’Épicerie Gratuite ouvre dans le bâtiment EREVE du campus Villejean. C’est la ruée. « J’ai pris une claque quand j’ai découvert la précarité étudiante ! » déclare Hélène, une des co-fondatrices.
Les épiceries solidaires étudiantes existaient déjà, celle de Rennes est pourtant la première en son genre. Elle est gratuite et inconditionnelle. « N’importe qui peut venir », explique Barnabé, l’actuel trésorier. « Qu’on soit précaire ou moins précaire, à partir du moment où on se sent légitime pour venir, on est bienvenu. »
Les arguments en faveur de la gratuité sont nombreux : des étudiants non boursiers sont en rupture familiale, d’autres seraient exclus par effet de seuil. Et puis, quand on a de quoi vivre, s’inflige-t-on une heure de queue pour s’assurer un repas ? Ici, la confiance prime.