Fast fashion : tour d’horizon des initiatives sur le territoire rennais

Face à la mode du jetable, le textile ne fait pas exception. La « fast-fashion » fait des ravages, sur les plans humains et environnementaux, contre lesquels il est urgent d’agir. Tour d’horizon des solutions existantes sur le territoire.

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Une femme jauge un haut dans une friperie

Droits réservés : Elizabeth Lein, Rennes Ville et Métropole

À Acigné, ce sont environ 9 000 tonnes de textiles qui transitent dans les hangars du centre de tri du Relais. Structure dédiée à la réinsertion professionnelle, elle agit pour la valorisation, la seconde vie et le recyclage des vêtements, déposés dans les containers dédiés dans un périmètre de 120 km.

Sur les tapis roulants, les équipes s’affairent au tri, répartissant les textiles en fonction de leur état et usage. Une partie du stock sera acheminée en Afrique, une autre viendra alimenter les rayonnages des boutiques Ding Fring, dont trois se situent sur le territoire, à Rennes, Chantepie et Saint-Grégoire.

« La seconde main est une alternative accessible aujourd’hui ! »
, se réjouit Pascal Milleville, PDG du Relais. Et elle le sera d’autant plus demain, la Scop se préparant à traiter près de 11 000 tonnes, impliquant un développement des bornes de dépôt et l’ouverture de nouveaux magasins. « On prend tout, sauf les affaires mouillées et souillées. Si c’est un peu tâché, on prend. Si c’est troué, on prend », explique Pascal Milleville. C’est là la force de l’entreprise qui intervient sur l’ensemble de la filière, de la collecte au recyclage (fabrication d’un isolant thermique et acoustique), en passant par la vente d’occasions : « On réemploie et on recycle à 99,7% ! »

Consommation éclair et frénétique

La fast-fashion bouleverse nos pratiques de consommation ainsi que la planète et les conditions de travail : une surconsommation engendrée par une mise en rayon permanente, à moindre coût pour des affaires de faible qualité. « C’est une mode jetable, qui fabrique des volumes énormes ! », regrette-t-il. Utilisation de polyester dont les microfibres polluent les océans, culture de coton gourmande en eau et pesticides, délocalisation de la production dans les pays asiatiques, non-respect des droits humains, empreinte carbone explosive des transports… Des marques comme Zara, Temu, Shein, H&M, Adidas ou Nike sont régulièrement épinglées.

Sensibiliser et informer la population

Pétitions, actions de sensibilisation, alerte des pouvoirs publics… Tel est le mode opératoire du collectif Ethique sur l’étiquette, soucieux de dénoncer ces multinationales. Pour Catherine Caille, la coordinatrice, c’est une aberration : « On produit pour jeter, c’est absurde ! On abime les gens, on abime la planète, parfois, pour des vêtements qu’on ne porte pas ! »

De nombreuses solutions existent à travers la réparation mais aussi un changement de consommation : acheter moins et de meilleure qualité, en neuf comme en seconde main. Aujourd’hui, l’upcycling est mis sur le devant de la scène, notamment du côté des marques indépendantes, à l’instar à Rennes de Madeleine Adore, Rebeau Rebelle, Aldous Clothes et autres. Une alternative créative au recyclage qui réduit la consommation d’énergie nécessaire au broyage des matières : la mode upcyclée se saisit d’un produit pour le transformer en un autre.

Valoriser les aspects positifs et visibiliser les savoir-faire

« On n’est pas juste dans la dénonciation, on veut apporter du positif ! On peut vivre une mode qui respecte l’environnement et les droits humains », se réjouit Catherine, faisant référence au défilé de mode 100% seconde main organisé en avril dernier à Rennes. L’aspect joyeux, l’association Kalissoki, à Bruz, le revendique, utilisant aussi les podiums pour démontrer la richesse du zéro déchet. « On fait des appels aux dons. Ça nous permet de sensibiliser les personnes qui donnent, le public et les mannequins, souvent des personnes noires, invisibilisées dans ce milieu », souligne Marinela Da Silva, créatrice. Ce qui l’anime, c’est l’ingéniosité de l’upcycling. Prendre une fringue inutilisable, la déformer, couper dedans, pour inventer un autre vêtement ou accessoire. L’écriture d’une histoire pour cette pièce fraichement créée. « On explique l’histoire et ça donne une autre énergie et une identité ! Le public est bluffé ! », s’enthousiasme Marinela Da Silva. Par le réemploi, la réparation ou encore l’upcycling, nos garde-robes font peau neuve.