Redonner de la voix au gallo

Le gallo est l'une des deux langues régionales de Bretagne. Moins connu que le breton, il était parlé au quotidien en Ille-et-Vilaine. L'institut Chubri est l'une des associations qui œuvrent à sa revitalisation.

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dans une crèche, des éducatrices lisent aux bébés des livres en gallo

Droits réservés : A. Loubry,  Rennes Ville et Métropole

Rencontre avec Bèrtran Ôbrée, directeur de l'association Chubri, pour faire le point sur l'usage du gallo et les enjeux de préservation de cette langue régionale.

Où le gallo est-il parlé ?

La langue gallèse est un parler local de la Haute-Bretagne, qui comprend l'Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique, une partie des Côtes-d'Armor et du Morbihan. En zone rurale, le gallo était la langue du quotidien jusqu'au remembrement et à l'industrialisation. Les gallésans sont passés au français quand ils sont allés travailler à l'usine, notamment pour communiquer avec la hiérarchie.

Qui parle gallo ?

Selon la dernière enquête sur les langues de Bretagne commandée par la Région, 132 000 personnes disent parler gallo en 2024, contre 191 000 en 2018. 30 % des locuteurs ont plus de 70 ans. L'étude indique que 32 % des locuteurs ont de 40 à 59 ans. Les plus âgés ont plus de mal à assumer : quand ils étaient à l'école, la langue gallèse était stigmatisée, associée à la pauvreté.

Qui l'apprend ?

Ce sont surtout des personnes qui ont un lien familial avec le gallo, comme des trentenaires qui retrouvent la langue de leurs grands-parents. Contrairement au breton, le gallo n'a pas une image de marque qui attire les nouveaux arrivants.

Le nombre de locuteurs de gallo baisse sensiblement...

Il y a un facteur démographique, lié à la disparition des locuteurs de 70 ans et plus. Le gallo n'est plus autant transmis dans les familles. Et puis son enseignement n'est pas très développé. Certaines écoles et lycées proposent des initiations, mais ça ne crée pas des locuteurs. Il n'existe pas de filière immersive bilingue comme en breton ou en basque. 

Le gallo est-il en danger ?

Oui. C'est aussi le cas du breton et de nombreuses langues en France. La Région Bretagne fait la promotion des parlers locaux, mais il n'existe pas d'institution qui officialise les langues régionales à l'échelle de leur territoire. Or une langue doit être utilisée dans les médias, à l'école, dans les collectivités pour retrouver de la vitalité.

Pourquoi est-ce nécessaire de le préserver ?

Il n'est pas seulement question de préservation, mais de réhabilitation. Sa stigmatisation a créé un traumatisme. Une langue qui disparaît, c'est une vision du monde qui disparaît. Plus le monde est uniformisé, plus nous perdons notre capacité d'adaptation. Les mots sont des outils pour lire la réalité. Par exemple, en gallo, il existe de nombreux termes pour qualifier la pluie. Il y a bavouzèij, qui signifie littéralement « comme de la bave », pour parler d'une pluie fine, quand il y a du vent. C'est intraduisible !

Envie de vous y mettre ?

Le site de l’association Chubri (lien externe) met à disposition de nombreux outils pour favoriser la transmission du Gallo. D'autres structures agissent pour sa défense et sa promotion : Bertègn Galèzz (lien externe) et l'Institut du gallo (lien externe).

L'association Sibel e Siben (lien externe) propose des initiations Toute l'année. Informations et agenda sur le site.