Valentine : « Je ne veux pas que l'endométriose soit un frein »

Valentine Crespon, 25 ans, est atteinte d'endométriose depuis son adolescence. Pour sensibiliser à cette maladie répandue mais encore méconnue et récolter des fonds pour la recherche, la Rennaise va rallier la Bretagne au Pays basque, seule à vélo. 

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Valentine Crespon pose dehors dans un jardin avec son vélo.

Droits réservés : Anne-Cécile Esteve, Rennes Ville et Métropole

Sur la table basse en bois du salon, une BD à la couverture nocturne : Plouhéran : à vélo, de la Bretagne à l'Iran, d’Isabel Del Real. C’est une grande source d’inspiration pour moi. L’autrice y raconte son voyage solo à vélo, commente, souriante, Valentine Crespon. 

Mi-avril, la Rennaise de 25 ans est partie. Seule avec son vélo, décoré d’un fanion orange presque fluo où il est inscrit, je pédale contre l’endométriose , et sa trousse de médicaments rouge vif qui « en dit long sur sa maladie ». Elle va parcourir 1 100 kilomètres le long de la Vélodyssée, de Rennes à Hendaye.

« L'endo », maladie méconnue

Atteinte d’endométriose depuis ses 14 ans, Valentine est diagnostiquée en 2021, après sept ans d’errance médicale. 

L'endo a été intégrée dans le programme de médecine générale en 2020. La maladie souffre d'un réel retard de connaissances médicales, dû à une non-reconnaissance de la souffrance des femmes dans un monde où la science est masculine. Quand j'ai eu mes premiers symptômes, on me disait que c'était normal d'avoir mal pendant ses règles, que j'étais une chochotte…

Valentine

Endométriose en quelques mots

Maladie chronique inflammatoire, l'endométriose touche une femme menstruée sur dix. Chez ces femmes, un tissu semblable à l'endomètre, muqueuse qui tapisse normalement l'intérieur de l'utérus, se développe en dehors de l'utérus et s'implante sur les organes voisins de la région pelvienne, tels que les ovaires, la vessie, les intestins, et parfois même, remonte jusqu’aux poumons. Ce tissu réagit aux variations hormonales, notamment celles du cycle menstruel, et saigne sans avoir d'issue pour s'évacuer, provoquant de fortes douleurs et, dans certains cas, l'infertilité.

Plus d'infos sur le site Endobreizh (lien externe).

Des symptômes invalidants

Cette maladie encore mal diagnostiquée est invalidante pour Valentine, comme pour de nombreuses autres femmes atteintes.

L'endométriose est réduite à une maladie gynécologique, alors qu'elle touche plusieurs organes. Les symptômes sont multiples, varient selon les femmes et évoluent dans le temps. Ce qui complique également le diagnostic.

Valentine

Douleurs intenses aux lombaires, décharges électriques dans le bas du corps dû à une atteinte des nerfs, ventre hyper ballonné, constipation ou diarrhée, fatigue chronique...  Sont autant de maux qui affectent le quotidien de la jeune femme.

Pédaler, sensibiliser

Avec la maladie, le périple qu'elle entreprend à vélo est un défi. Avant, je m’interdisais de voyager. Mes symptômes s'aggravent et j'avais peur de m'éloigner de mes médecins. Mais, un jour, j’ai réalisé que je ne voulais pas que la maladie soit un frein : je veux qu’elle soit une opportunité de rencontrer, de sensibiliser et de fédérer, confie Valentine, vêtue d’un tee-shirt blanc où « Val’Odyssée », nom de son projet, est brodé en fil coloré.

Au fil de son voyage et de ses rencontres, Valentine veut promouvoir une meilleure connaissance de l'endométriose en encourageant le dialogue et la solidarité. Celle qui coanime les cafés Papote à Rennes avec l'association Bretagne Endométriose espère toucher un plus large public durant son périple jusqu'au Pays basque. Elle pédale également pour récolter des fonds au profit de la Fondation pour la recherche sur l'endométriose.

Intime et engagé

Ce voyage est aussi intérieur : C'est ma manière de coexister avec la maladie, de reprendre confiance, d'apprendre à aimer mon corps source de souffrance, de prendre soin de ma santé mentale dans l'effort et l'action. Et, au-delà de l'intime, elle porte un message féministe : On peut être une femme et voyager seule. 

Chargée de projet dans le domaine de la prévention, Valentine va mettre sa vie professionnelle en sommeil pendant six semaines. C'est le temps qu'elle se donne pour réaliser son odyssée.

Bagage de soutiens

Elle dresse son inventaire : tee-shirts, cuissards, casque, toile de tente… Tout est prêt pour le départ, y compris ses cheveux, dont les boucles dorées ont récemment été coupées. 

Dans ses bagages, on trouve de nombreux soutiens dont Bretagne Endométriose, évidemment. Valentine a également obtenu une bourse du Fonds rennais d'initiatives jeunes (Frij), porté par la Ville de Rennes. 

Je me sens soutenue et cela me donne beaucoup de courage pour affronter le vent de face et les nombreux kilomètres !, lance Valentine, pétillante de fougue.

Pauline Roussel