Ni la maison, ni le travail, le « tiers-lieu » est une troisième possibilité d’entrer en relation avec d’autres, idéale pour celles et ceux que la vie fragilise. La notion a été théorisée par le sociologue américain Ray Oldenburg.
Margot Sébire est salariée pour quelques mois à La Gaîté. Facilitatrice de projets à vocation sociale, elle est là pour « outiller » les bénévoles et mettre le projet sur les rails. Les habitants qu’elle croise dans le quartier l’appellent par son prénom. Il faut dire qu’elle n’hésite pas à aller au contact.
D’ailleurs, elle interpelle un garçon qui jette un coup d’œil à travers la vitre du local. Il pousse la lourde porte. « Ça va Kayden ? » « Oui, c’est quand qu’on fait un truc à manger ? » « Tout à l’heure. On va faire une salade de fruits. Tu veux m’aider ? » Il acquiesce et part rejoindre un copain à l’extérieur. Ici, on entre et on sort, on fait comme on veut.
Pendant ce temps, Sara et Ibrahimi dessinent les patrons et s’apprêtent à couper le tissu de leur futur tablier. Aujourd'hui, ils expérimentent la couture sous la houlette d'Agnès et Isabelle, deux des quatre bénévoles qui font vivre le lieu. Le frère et la sœur viennent de temps en temps, seuls ou avec leur mère. Ils habitent dans l’immeuble. Un fonds d’investissement à impact social met à disposition les 14 appartements de l’Aviateur et les 75 m² de La Gaîté au rez-de-chaussée.