Le beau défi du "Défilé fantastique"

Le danseur de breakdance ne cache pas sa joie. Artiste associé à l'équipement culturel pour la 2ᵉ année, il pilote le projet de "Défilé fantastique". Un projet qui rassemble, selon lui, tous les ingrédients du bonheur : les danses hip-hop, un grand melting-pot humain, et une bonne dose de lenteur comme antidote à l'emballement contemporain.  

On pourrait rappeler que le Rennais fait partie des pionniers du break. Il a participé aux premières compétitions et fait le tour du monde au gré des battles. Mais, lui, modeste, préfère s'effacer sous sa casquette rouge, laissant un franc sourire occuper l'espace. "J'ai fait mes premières figures devant la gare de Rennes et sur la dalle du Colombier." Reconnaissant, il se souvient également de la passion contagieuse d'André Descamps, à la maison de quartier Villejean.  

À la naissance de son premier enfant, le danseur s'est pris de passion pour l'art ancestral japonais du bonsaï. A la vitesse et à la virtuosité du hip-hop, lui répond par une grosse envie de ralentir.
"  À  l'heure où les danses hip-hop sont devenues une discipline des Jeux Olympiques, je voudrais rappeler qu'il n'est pas seulement question de performance et de compétition, mais aussi de partager le plaisir de la danse avec le plus grand nombre."
Break et bonsaï, danse et nature... Bruce Chiefare rêve de gestes d'arbre et cultive la lenteur comme un art de vivre : " Celle-ci appelle une autre physicalité, un autre imaginaire."  

Dans le quartier du Blosne, il a trouvé un territoire taillé sur mesure pour ses baskets. "J'ai déjà organisé un défilé avec les enfants de l'école Volga en 2024." Soit 80 bambins partis récolter les mouvements de la nature, dans le Parc des Hautes Ourmes." Enraciné dans le cadre de la "La Tablée fantastique", l'essai fut concluant, comme ce battle improvisé au pied d'une tour d'immeuble, la même année.  

Inspiré du carnaval de Rio et du défilé de la biennale de danse de Lyon, le "Défilé fantastique" nourrit surtout une ambition humaine. "Je veux rappeler que le hip-hop est pour tout le monde, qu'il a un grand pouvoir fédérateur."
Notamment pour les 150 scolaires venus des écoles Volga, Jacques Prévert ou Saint-Armel, sans oublier les collégiens des Hautes-Ourmes et des Chalais. "Nous rêvons d'un défilé intergénérationnel, avec la participation de personnes âgées. Coordonnateur de l'événement, le Triangle est également en relation avec l'Association des Paralysés de France et le centre Angèle Vannier pour embarquer les personnes porteuses de handicap dans cette aventure."  

Déjà sur le pont pour La Tablée fantastique, les associations du quartier sont bien sûr mobilisées (Le Crabe rouge, Maison des squares, Ty Blosne, Conservatoire, Carrefour 18...). Elles ne seront pas de trop pour réfléchir aux codes couleurs des costumes, au char écoresponsable, et à la cuisine.  
Depuis le 4 mars, le grand public peut également participer à des ateliers préparatoires, tous les mardis soirs. "Nous travaillons collectivement à une chorégraphie, dont l'exigence ne se situera pas dans le mouvement, mais dans la bienveillance." S'encourager, se soutenir... "J'aimerais aussi quelque chose qui raconte un peu l'histoire du hip-hop, ses pionniers. Des groupes seront constitués, qui représenteront un courant et reprendront ses codes vestimentaires."
Initiée au mois de janvier pendant le festival de danse contemporaine Waterproof, l'aventure du "Défilé fantastique" s'achèvera donc le samedi 14 juin par une grande parade chorégraphique dans les quartiers du Blosne et de Bréquigny.

Prêts pour un petit break ?  

Jean-Baptiste Gandon