Justice sociale : la solidarité à l’épreuve du climat

Des nuits tropicales, la forêt en feu, les inondations… Le bassin rennais n’est pas épargné par les dérèglements climatiques, associés à la hausse des températures et à la perturbation du cycle de l’eau. Mais, interdiction de rester les bras croisés.

Le PCAET, Plan climat air énergie territorial (lien externe), définit les ambitions de Rennes Métropole pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la qualité de l’air et s’adapter au changement climatique.

Validée pour six ans, une nouvelle version du plan sera définitivement adoptée par les élus en septembre 2025, après l'intégration d'éventuelles modifications issues de la consultation publique qui s'ouvre, du 2 juin au 2 juillet.

Dans chaque domaine de la vie quotidienne, le PCAET donne la marche à suivre, guidée par l’objectif de neutralité carbone en 2050. Il souligne en particulier la nécessité de s’adapter. Comment ? En protégeant les ressources en eau, les espaces naturels, agricoles et forestiers. En adaptant les espaces publics aux fortes chaleurs grâce à la végétalisation.

Ce plan souligne aussi l’importance de valoriser l’agriculture bio, les circuits courts, le réemploi ou les matériaux biosourcés. En matière d’énergie, Rennes Métropole souhaite développer les boucles d’autoconsommation collective, les ombrières photovoltaïques et le réseau de chaleur. Le déploiement des trambus, de la zone à faibles émissions (ZFE) et du réseau express vélo vont dans le même sens.

Fin mai, le nouveau PCAET de la métropole a été présenté aux acteurs du territoire (communes, entreprises, associations), réunis pour la Conférence locale du climat. L’occasion, notamment, de discuter d’un sujet clé, la justice sociale.

Joël Drakes milite chez Oxfam : « Transitions écologiques et inégalités sociales sont indissociables : 1 % des plus riches émettent davantage de CO2 que les deux tiers de l’humanité. Mais, ce sont les plus sobres — souvent par défaut — qui en pâtissent le plus. » Frédéric Frénard travaille à Résovilles. Il confirme : « On est plus impacté par une canicule quand on habite en appartement, dans une tour, sans balcon. »

Malheureusement, le changement climatique implique peu les premiers concernés. L’Atelier des transitions est basé à Villejean : « Ce n’est pas la priorité des familles pauvres qui pensent d’abord à la sécurité, à la sécurité alimentaire de leurs enfants, observe Vincent Grison, son cofondateur. Comment fait-on pour les mobiliser ? »

Mathilde Guyard chez Green Cyclette avance ses idées : « Il faut revaloriser la parole, les savoir-faire de ceux qui ont l’habitude de se débrouiller autrement pour vivre avec moins, faute de pouvoir faire autrement. Leurs compétences sont nécessaires pour sortir de notre modèle consumériste. »

Mais, comment interpelle-t-on les CSP + à l’autre bout de la chaîne de responsabilité ? « Le discours moralisateur et culpabilisant ne marche pas, constate Sylvie Courcelle-Labrousse, consultante chez Ino Faber. Pour se mettre en mouvement, il faut passer par le prisme des émotions, des expériences impliquantes. »

Que ce soit par la conviction, l'engagement, le contrat ou la contrainte, le PCAET promet d’agir contre les inégalités environnementales en faisant contribuer les plus émetteurs et en limitant l’exposition aux risques des plus vulnérables grâce à l’amélioration du cadre de vie. Il vise aussi à faciliter l’accès aux transports décarbonés, à une alimentation saine et locale, et à des logements performants sur le plan énergétique.

Olivier Brovelli