Prison Jacques Cartier : quand des artistes font le mur

Dans l'ancienne prison Jacques Cartier, une fresque collective de 300 m², peinte avec des matériaux récupérés, raconte une nouvelle histoire, enrichie par des récits sonores, redonnant vie à ce lieu chargé de mémoire.  

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Une table avec des pots de peinture, un artiste qui regarde son oeuvre. Un mur de prison coloré.

Droits réservés : Teenage Kicks

Une fresque colorée s’apprête à recouvrir un immense mur extérieur de la prison Jacques Cartier (lien externe) dans le cadre du projet Seconde Pot, impulsé par Teenage Kicks (lien externe) avec les artistes Germain Prévost, alias Ipin (lien externe), et Marc-Antoine Granier (lien externe) . La Ville de Rennes, commanditaire de cette œuvre sur ce bâtiment appartenant à Rennes Métropole, souhaite à travers ce type de projet artistique, transformer cet ancien site de privation de liberté en un espace vibrant de vie et de récits partagés.

« Les murs peuvent devenir des espaces colorés et accessibles, plus humains », explique Germain Ipin, plasticien issu du street art et désormais investi dans les interventions contextuelles. Avec Seconde Pot, il s’agit aussi de marquer l’évolution de la prison en un site culturel où le passé dialogue avec le présent.

Une fresque née du porte à porte

Le projet repose sur une collecte originale : des pots de peinture ont été récoltés auprès des habitants du quartier, ainsi que des témoignages enregistrés. « Ça part du Covid, où la pénurie de peinture acrylique blanche m’a incité à réfléchir à une démarche plus vertueuse, écologique et sociale, explique Germain. Cette œuvre, c'est comme un patchwork de restes, une manière de réinventer l’usage de la peinture avec la contrainte de la récupération. Et c’est surtout une rencontre humaine. » Aux côtés de Marc-Antoine Granier, ils ont donc arpenté les quartiers Sacrés-Cœurs et Champs Manceaux, allant de porte en porte pour récolter des pots de peinture et recueillir des fragments de récits.

Le résultat : une fresque abstraite qui transforme le mur en un kaléidoscope de couleurs, chacune porteuse d’une histoire. « C’est un panorama colorimétrique des habitants qui vivent autour du bâtiment, une œuvre collective », résume l’artiste.

La dimension sonore, une immersion totale

Marc-Antoine Granier, artiste sonore et réalisateur, accompagne la peinture par une création audio originale. À travers un « cartel sonore » interactif, accessible via un QR code, les visiteurs peuvent entendre les voix de témoins, leurs récits liés à la prison et aux couleurs de la fresque. « Ce lieu a une forte charge symbolique. J’ai voulu capter de diverses voix — ancien détenu, gardien, habitants — pour faire parler ces mémoires par le prisme des couleurs. L’idée est que chaque spectateur crée son propre chemin, un dialogue intime entre couleur et voix » détaille l'artiste.

Au-delà de l’impact visuel, Seconde Pot porte une ambition sociale : faire de l’art un vecteur de lien, de mémoire partagée et d’inclusion. En recueillant des histoires diverses et en les intégrant dans la fresque, l’œuvre devient un pont entre les générations et un miroir sensible des mémoires individuelles qui composent le tissu collectif du quartier.

Visite découverte de l'oeuvre Seconde Pot

Les habitants et visiteurs pourront découvrir cette création les 14 et 15 juin, lors d’un événement mêlant la découverte visuelle de la fresque et des séances d’écoute en transat, pour une immersion complète.

Visites :
le samedi 14 juin à 14h, 16h et 18h (sur réservation (lien externe) ) ;
le dimanche 15 juin de 11h à 18h en visite libre ;
Et aussi lors des journées du patrimoine les 20 et 21 septembre de 13h à 18h en visite libre.    

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