Tour de l’Éperon : cet immeuble emblématique de Rennes fête ses 50 ans

Les 14 et 15 juin 2025, tout un quartier s'est réuni pour fêter les 50 ans de l'Eperon, immeuble phare du Colombier à Rennes. À l'origine des tours de L'éperon : Louis Arretche, l'autre architecte de Rennes.

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Vue de l'immeuble l'Eperon, dans la ville.

Droits réservés : Arnaud Loubry, Rennes Ville et Métropole

L'éperon... Drôle de nom pour une tour de grande hauteur. Une manière de dire que l'icône architectural sorti de terre en 1975 aiguillonne le regard et pique la curiosité des Rennais depuis plus de quarante ans, sur la grande dalle du quartier Colombier.  À l'origine du second gratte-ciel de la capitale de Bretagne : Louis Arretche, architecte basque au nom pour le moins prédestiné. L'étymologie de son patronyme renverrait en e et à la pierre et à la hache. Le « tailleur de pierre » a eu l'imagination pour le moins fertile, dirons-nous : avec ses angles tranchant comme un diamant et sa dissymétrie élégante, L'éperon est un menhir de béton indémodable, ciselé dans la plus belle des étof- fes.  

Il y a plein d’arêtes dans Arretche

Une vue en contre-plongée de l'immeuble.

Droits réservés : Rennes Ville et Métropole

Artisan de la reconstruction de Saint-Malo, Louis Arretche a également maillé Rennes de nombreuses réalisations. Avec Georges Maillols, il fut l'architecte le plus proli que de la capitale de Bretagne : Liberté, Centre commun d'études de télévision et de télécommunications (CCETT, actuel Mabilay), aménagement de la Zup de Villejean et du quartier Colombier... Parmi ses nombreuses réalisations, L'éperon se dresse tel un mât majestueux haut de 91,97 m. Soit un immeuble résidentiel composé de deux tours ju- melles accolées. Trente étages avec terrasse, chaque appartement disposant d'au moins un petit balcon. S'appuyant sur les di érences de niveau, le dessin de Louis Arretche transforme les façades en un grand jeu volumétrique abstrait où alternent l'ombre et la lumière. Vu de la terre ferme, l'immeuble à pic ne cesse d'aimanter le regard avec ses nuées d'alvéoles le faisant ressembler à un essaim d'abeilles. Ses fa- çades à la blancheur éclatante jouent en n avec les horizons et les heures du jour : des teintes rosées du crépuscule, côté ouest, aux caresses du soleil du petit matin, côté est.  

Urbanisme sur dalle

À quoi aurait ressemblé le paysage du Colombier si L'Éperon avait été multiplié par trois, conformément au projet initial ? À un fameux trois mâts posé sur une mer de béton, propulsant Rennes dans l'ère de la modernité ? La conjoncture en décida autrement, et à la place naquit tout autour un océan de bureaux, de logements et de commerces disséminés sur une dalle aux allures de salle des pas perdus. Cela n'empêche pas la tour solitaire de continuer de ravir les amateurs de poésie minérale urbaine.  De L'éperon des années 1970 aux halles centrales du XIXe, et au centre médiéval autour de la cathédrale, se dessine une diagonale du temps dans la ville. Comme si le béton avait grignoté du terrain, dévoré les faubourgs miséreux pour gagner le centre de la cité.  Alors que le sud de la Vilaine rentre dans le XXIe siècle et se métamorphose au rythme des projets du nouveau quartier EuroRennes, L'éperon continue d'o rir un point de vue imprenable sur la ville. Les résidents de cette tour de magie le lui rendent bien, attachés à leur immeuble comme à un village dont la place serait le hall d'entrée. On dit que Georges Perec aurait trouvé là, inspiration et matière à récit. Une manière de conclure que si L'Éperon se voit de loin, il est avant tout un amer à vivre. 

Le saviez-vous ?

Avec les Horizons, l'Éperon et la cathédrale, Rennes possède trois paires de tours jumelles dans son paysage dans son paysane architectural.