Je n’étais pas censée dessiner. Juste observer, prendre des notes. Mais un concours de circonstances a fait dérailler le programme : me voilà, assise derrière un chevalet, feuille blanche, face à Hsia-Fei Chang (lien externe). Elle, nue, allongée sur une table entourée d’hortensias et de pommes, la tête enfouie dans un coussin. Silence dans l’église. Je me fais toute petite. Mes voisins de chevalet, eux, semblent aguerris, moi j’ai le niveau CP en dessin et pas de fusains dans mon sac.
Heureusement, l’association Noir Brillant (lien externe), à l’origine de l’événement, vole à mon secours avec un tote bag de fortune : crayons à papier, quelques feutres… et beaucoup de bienveillance. Je gribouille timidement, puis me laisse emporter. Quelque chose m’envahit – appelons ça la “magie Basquiat” – et je me mets à couvrir ma feuille de traits colorés. C’est laid ? Possible. Mais c’est vivant et je me marre toute seule en regardant mon œuvre qui me semble désastreuse.
Ce moment suspendu, c’est “L’Appel du 18 juin”, une performance signée Hsia-Fei Chang, artiste taïwanaise installée à Paris, dans le cadre d’Exporama, le parcours estival d’art contemporain à Rennes. Pendant deux heures, dix dessinateurs, professionnels ou novices , sont invités à croquer l’artiste dans sa nudité, dans une ancienne église de la rue Saint-Laurent. Un lieu singulier, propriété de la sculptrice Delphine Lecamp, aujourd’hui animé par son association artistique.