L’alerte est donnée peu avant minuit et demi. Il faut deux minutes aux vingt premiers sapeurs-pompiers pour rejoindre la place du Parlement. Les ardoises éclatent une à une sous l’effet de la chaleur, découvrant progressivement une charpente ardente.
Devant l’importance du brasier, le chef de garde demande des renforts immédiats. La majeure partie des pompiers de garde du district de Rennes se rend sur les lieux. Trente minutes après le signalement de l’incendie, cinquante-deux hommes sont sur place.
À minuit quarante, l’ensemble des combles est embrasé et les flammes, attisées par un fort vent d’ouest, menacent de se propager aux bâtiments voisins : six personnes habitant à proximité, rue Hoche et rue Salomon-de-Brosse, sont évacuées. Le réseau d’eau de la ville étant insuffisant pour alimenter les lances, des tuyaux sont déroulés pour pomper l’eau dans la Vilaine.
Coordonnés par le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours, des pompiers de tout le département d’Ille-et-Vilaine viennent prêter main-forte aux équipes déjà en intervention. Le feu est perçu à dix kilomètres à la ronde. À deux heures du matin, on compte sur place plus de cent cinquante sapeurs-pompiers et seize engins.
Après avoir lutté à l’extérieur du palais, ils progressent à l’intérieur du brasier armé de cinq lances et d’une grande échelle. À deux heures et quart, le feu est éteint.
À trois heures, il ne reste plus que les murs de pierre : les dégâts matériels sont considérables et rien ne subsiste de la couverture de l’édifice qui s’est effondrée sur le premier étage. Le plafond de la salle des pas perdus, directement accroché à la charpente, est détruit. Deux pompiers sont gravement blessés lors de l’écroulement d’un plafond.
Pierre Méhaignerie, ministre de la Justice et président du Conseil général, le préfet, le procureur de la République et Edmond Hervé, maire de Rennes, sont sur les lieux. Plusieurs milliers de spectateurs, silencieux et médusés, se rassemblent pour assister au sinistre. La ville est sous le choc.
Vers cinq heures, le feu est officiellement maîtrisé, mais des tonnes de braises menacent encore. Toute la journée du samedi, les pompiers éteignent des reprises sporadiques. Ils restent sur place pendant huit jours et surveillent les ruines du palais.