À Rennes, des portraits de personnes porteuses de trisomie 21 en situation professionnelle

On peut avoir un chromosome en plus, et exercer un métier avec passion et compétences. C'est le message porté par les nouvelles affiches de mobilier urbain, qui resteront en place jusqu'au 1^er octobre.

Trois portraits grandeur nature projettent des personnes porteuses de trisomie 21 en situation de fleuriste, de cuisinier ou d'assistant téléphonique. Affublés du slogan : Embauchez de l'extra, dans votre ordinaire. Pourquoi son petit truc en plus ne fait pas toute la différence ? C'est le fruit du projet mené par des étudiants de l'AGR l'École de l'image, en partenariat avec le Service d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) Trisomie 21, et avec le soutien de la Ville.   

Ses concepteurs, Thaïs et Enzo, étudiaient encore à l'AGR L'école de l'image de Rennes lorsqu'ils ont conçu ces affiches. L'ensemble de leur promotion a planché sur une campagne pour sensibiliser le public à l'employabilité des personnes porteuses de trisomie 21. Leur travail a récolté les suffrages du jury, et bénéficiera d'une belle exposition à travers 70 affiches déployées sur le mobilier urbain de la Ville. 

Le film d'Artus n'était pas encore sorti. Nous avons trouvé le petit truc en plus avant, souligne Thaïs, conceptrice rédactrice. J'ai aimé être challengée en amenant un côté positif sur un thème pas évident.  Un shooting photos a été organisé avec les premiers concernés. On a adoré travailler avec eux. Je n'avais pas d'appréhension, car j'ai une amie dont la sœur a une trisomie 21. Un retour d'expérience positif que partage Enzo, même si c'était un peu compliqué de capter leur attention à certains moments. Cela m'a encouragé à essayer de les comprendre ainsi que les difficultés qu'ils rencontrent.       

Parmi lesquelles, la difficulté d'accéder à un emploi, et plus largement, à la formation professionnelle après le collège. Il manque une offre adaptée, sans être dans un CAP, pour construire un projet professionnel en prenant le temps d'expérimenter par des stages, et un diplôme ou une certification pour valider les compétences acquises. Trop souvent après le collège, sans autres solutions, les personnes avec trisomie 21 sont obligées d'être orientées en milieu protégé (IME ou Esat), déplore Solène Picaut, bénévole à l'association Trisomie 21 Ille-et-Vilaine, gestionnaire du Sessad.

Convaincue qu'un apprentissage par l'expérimentation et le mimétisme, dans une entreprise avec un tuteur, serait une solution. Pour l'heure, Solène Picaut se félicite du travail accompli par les étudiants. « Les photos sont magnifiques, avec la mise en valeur des trois jeunes qui ont joué le jeu. Ils ont réussi à faire surgir la petite paillette dans les yeux de chacun. » Des affiches percutantes pour entrevoir et interroger la différence car, elle le sait et le partage, « plus on y est confronté, et plus on s'y habitue. »