Les chantiers citoyens séduisent les jeunes

À coup de pioche et de bêche, des ados s'attaquent à de jeunes érables champêtres. Leur mission du jour ? Les déraciner. L'espèce est invasive et fait de l'ombre à deux majestueux marronniers. « On aère autour du pied pour mettre en valeur ces arbres d'ornement, précise Samuel Héry, jardinier à la Ville de Rennes. Bréquigny est un parc refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), on cherche à garder son aspect forestier, en sélectionnant les arbres qui y poussent. »
Feu vert pour les charmilles, les ormes, les houx et les hêtres, mais carton rouge pour les cornus, les lauriers et érables planes et champêtres. 

Le professionnel encadre son quatrième groupe de jeunes en chantier citoyen, avec un plaisir communicatif. « Je leur explique comment faire et je suis là pour leur donner un coup de main. Mon travail a l'avantage d'être dans la nature mais ils réalisent aussi les contraintes. Être dehors par temps de pluie ou dans le froid, porter des charges lourdes. Ils se prennent au jeu et apprennent le travail en équipe. À la fin, ils sont fiers de voir le résultat de leur travail.»
Les initiés découvrent un cadre professionnel et se confrontent, par exemple, au respect des horaires.  

Après trois matinées d'immersion, Nour, 16 ans, se forge une idée plus réaliste du métier de jardinier, cantonnée jusqu'alors à tondre la pelouse. Ézéchiel, lui, apprécie cette activité pour s'occuper pendant les vacances. C'est trop bien, j'aime la nature. Avant j'habitais dans un village et je jardinais, apprécie Mossab, 15 ans qui aimerait s'orienter vers les métiers de la cybersécurité ou des sciences de la mer. Pour l'heure, sa participation au chantier citoyen lui rapportera 75 euros. Une somme bienvenue pour payer sa licence MMA (arts martiaux mixtes). 

On a même sauvé une salamandre, souligne Pierre, animateur à la MJC Bréquigny. Comme son homologue du Relais du Borne, il accompagne le groupe pendant la durée du chantier. C'est grâce à ces structures que les jeunes ont pu s'inscrire, à l'instar de Maëllya, Chafia et Cérine, 17 et 16 ans. Depuis un an, nous menons des actions pour financer un projet de voyage à Londres en décembre. Ce chantier citoyen en fait partie ; c'est assez physique et fatiguant.     

À l'approche des vacances scolaires, les demandes affluent. Je reçois trop de sollicitations. Pour sélectionner, je regarde la motivation des candidats , indique Pierre. Le professionnel jeunesse perçoit d'autres bienfaits du dispositif. On voit bouger les jeunes aux quatre coins de Rennes. Certains découvrent le Thabor pour la première fois ! Ces chantiers sont l'occasion de faire émerger d'autres projets, de lancer une dynamique.