« Pour comprendre la création de Yaouank, il faut remonter à la fin des années 1990 et au Comité consultatif à l’identité bretonne, qui regroupait des associations, des intellectuels et des élus. Sa réflexion portait sur la langue régionale, son enseignement dans les écoles, etc. » explique Glenn Jégou, créateur de l’événement. La question de la jeunesse est logiquement arrivée sur la table et, avec elle, « le projet d’un immense rendez-vous, comparable à ce qui se faisait à Cléguérec (56), la Mecque du fest-noz. »
Le succès de la première édition, organisée en octobre 1999, dépasse toutes les espérances : « Nous attendions 2 500 personnes, il y en eut deux fois plus. » Au fil des ans et des pas de danse, la soirée unique s’allonge et devient multiple, les bars s’en mêlent et les créations deviennent une tradition. Des affiches prestigieuses et de jeunes talents mettent le feu au plancher pour créer une prodigieuse effervescence. « Notre chance est que, en parallèle, Rennes est devenue le laboratoire des musiques bretonnes actuelles ».
« Un fest-noz, c’est avant tout de la danse. Et une gavotte reste une gavotte, c’est-à-dire que les musiciens doivent respecter un temps par exemple. » À Yaouank, la modernité règle son pas sur le pas du passé, mais pour mieux regarder devant : « On peut très bien imaginer une gavotte à la mode human beat box, avec Krismenn et Alem par exemple. » Avec des sonneurs de couple ou en mode kan ha diskan (lien externe), électro ou punk-noz, le spectre du fest-noz est super large, d’esprit et d’accords.
En 2019, Yaouank fête ses 20 ans. Les amateurs et curieux répondent présents. Le temps n’a pas prise sur l’événement breton préféré des Rennais. Comme si les musiques et les danses bretonnes étaient, telle une potion magique, source d’éternelle fraîcheur. Et il en faut pour participer au plus grand fest-noz de Bretagne, cette année-là, au Parc Expo : « Le plus grand, mais aussi sûrement le plus long, puisqu’il commence à 16 h pour s’achever le lendemain à l’aube ».
2024 signe le grand retour du festival au Liberté, en plein cœur de la ville. Pour Kemo Veillon, nouveau directeur artistique de Yaouank : « Le centre-ville facilite pas mal de choses en termes d’accessibilité. » Et puis, surtout, c’est là que tout a commencé.
L’engouement pour la mode musicale bretonne ne marque-t-il pas le pas après la grande vague des années 1990, portée par Ar Re Yaouank, Alan Stivell ou Dan Ar Braz ? Pour le jeune homme, la réponse est négative. Il y a depuis quelques années de nombreux groupes émergents. « Une anecdote pour cette année (2025), on n’a jamais eu autant de jeunes artistes à se produire sur scène. Alors effectivement, il y en a qui sont un peu plus âgés, je pense à Sonerien Du, mais il y a beaucoup de découvertes. Et on essaie aussi d’accroître la visibilité des femmes, on en a pas mal pour cette édition. » L’enthousiasme du public reste bien réel.
⏩ Toute la programmation à retrouver ici (lien externe).