Les 3 ours : le nouveau média rennais qui monte... sur scène

Vous connaissez le journalisme vivant ou live mag ? Nouveau média rennais, les 3 ours vous invite à sa 1ère saison, en live et sur scène !

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Vue d'une série de micros avec des noms de médias

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À l'heure où l'espace médiatique ressemble à un dialogue de sourds, Les 3 ours entendent redonner du sens aux métiers de l'information, en live et sur scène. On appelle cela du journalisme vivant ou live mag. Que le "pressetacle" commence !

Inventer de nouvelles manières de raconter l'actu, en live et sur scène, entre spectacle et journalisme engagé : c'est un fait, le projet du nouveau média Les 3 ours est particulièrement bien léché.


On pourrait parler d'actu à show, sauf que les sujets traités sont très sérieux, voire tragiques. Du procès des viols de Mazan aux ouvriers morts au travail dans l'industrie agro-alimentaire, il est vrai qu'il n'y a pas trop de quoi rire.

Des spectacles loin des paillettes et des claquettes

 Les gens peuvent être un peu choqués quand on leur parle de spectacle, reconnait Louise Katz, une des trois ours(es) avec Julie Lallouët-Geffroy et Nathanael Simon. Notre propos n'est pas du tout d'esthétiser le côté glauque de l'actualité, il y a un vrai travail d'écriture et de mise en scène. En résumé, la scénographie est un peu pensée comme la maquette d'un journal.

À quoi pourrait ressembler un média traitant de l'info en direct ? Après un premier spectacle consacré à la fabrique de l'information testé dans le cadre d'un festival à Lannion, en 2023, l'équipe n'a pas tardé à trouver sa ligne éditoriale : réunir sur scène des journalistes de différents types de médias, avec des expériences complémentaires, et pourquoi pas des représentants de la société civile.

 
 Dans le projet des 3 ours, il y a aussi l'idée de tester l'information à chaud, et l'envie de donner des rendez-vous réguliers comme pourrait le faire un mensuel.

Une journaliste au premier plan, avec la ville de Gaza derrière

Au programme notamment, une enquête sur les difficultés de raconter le conflit à Gaza.

Droits réservés : OlaAlZaanoun - Correspondante de Reporters sans frontières

Les trois anciens de la Grenouille à grande bouche (une revue alimentaire et un restaurant auparavant situés dans le quartier du Blosne) lanceront leur première véritable saison le 16 octobre prochain, après quelques galops d'essai concluants. L'occasion pour le public de se familiariser avec trois formats journalistiques différents:


Le pressetacle, qui réunit plusieurs narrateurs autour d'une même thématique.


Le journal intime, correspondant au récit par un journaliste d'une actualité ayant saturé l'espace médiatique au point de perdre toute objectivité. L'idée est un peu de faire rentrer les gens dans la peau du journaliste, comme ce sera le cas en novembre avec Paul Gogo, correspondant de guerre sur le conflit russo-ukrainien.

Enfin, l'enquête, qui cherche elle aussi à montrer le making of de l'information, ainsi que le récit subjectif d'un travail journalistique au long cours.

Huit rendez-vous au programme

 Quand on réunit les gens dans un même lieu, la personne assise dans la salle sent les émotions de celle qui est à côté d'elle, continue Louise Katz. C'est cela la magie du spectacle vivant. Quelque part, nous essayons de refaire société. Et, la journaliste de citer ces spectateurs choqués en apprenant qu'on pouvait mourir au travail, ou que des salariés français de l'agro-alimentaire cassaient du sucre à la pioche dans des silos... La vie des ouvriers est un sujet quasiment absent du paysage médiatique.

Engagée, la première saison des 3 ours a été construite en partenariat avec des médias indépendants comme Les jours, La Revue dessinée ou encore RSF.


À la Une cette année, notamment : un focus sur les médias engagés avec quatre journalistes, pendant le forum Séisme, salle de la Cité ; une enquête de Louis Witter (média Les Jours) à "Mayotte le dernier département français", parce que, nous explique Louise Katz, les Territoires d'Outre-Mer sont trop négligés dans les médias  ; un retour d'Anna Benjamin (La revue dessinée) sur l'expérience de collège de la mixité à Nantes ; une fenêtre sur Gaza avec Reporters sans frontières, sur les difficultés de traiter le sujet, à l'image de ces journalistes tués et de ces médias tous accusés d'avoir manipulé l'information ou de l'avoir traitée de manière partisane…

Dessin d'une télévision en train de fumer

Premier rendez-vous de la saison, une rencontre avec ces médias bien décidés à secouer le cocotier de l'information, à l'occasion du forum Séisme.

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 On n'apaise pas le rapport du public au réel, mais on recrée un espace de dialogues et on essaye d'expliquer comment se font les choses. Le fait d'être en direct sur scène n'a pas le même effet. Tous nos spectacles sont pensés pour faire de l'éducation aux médias, ils font participer les journalistes qui font l'info, mais aussi les citoyennes et les citoyens. Il est important de souligner que chaque spectacle est suivi d'une discussion. C'est souvent très fort, les gens se rendent compte que tout le monde ne se fout pas de leurs problèmes.

À l'heure où il n'existe plus de référentiel commun et où les réseaux sociaux segmentent l'information, le dessein des 3 ours n'en parait que plus louable, et mérite largement de faire la Une de miel.


Premier rendez-vous : "Pressetacle #2 : Quand les médias indés secouent la société", avec quatre journalistes engagé.es quatre histoires inspirantes sur la thématique de l'écologie, du féminisme, de la jeunesse et de la politique. Jeu. 16 octobre, 20h30, salle de le Cité.

https://www.3ours.fr/ (lien externe)

Jean-Baptiste Gandon