Habitat participatif : pour vivre heureux, vivons ensemble !

Ville ou campagne, l’habitat participatif séduit des profils toujours plus variés, mus par l’écologie et la solidarité. Samedi 4 octobre 2025, une bourse des projets était organisée à l’Hôtel Pasteur. 

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Lors de la bourse aux projets le 4 octobre 2025 à l'Hôtel Pasteur, les participants ont pu découvrir les différents projets d'habitat participatif en cours ou à venir dans la métropole.

Droits réservés : Julien Mignot - Rennes Ville et Métropole

Imaginez un groupe de personnes qui se forme pour concevoir ensemble leur résidence. Avec des logements individuels et des espaces communs partagés, gérés directement par leurs occupants. C’est l’habitat participatif.
Le dernier en date a été inauguré au Rheu cet été. Au Vilajoa, cinq familles partagent une salle commune, une buanderie, un atelier-garage et un grand jardin avec potager. À Rennes, Johan habite le Fil Hémon où quinze foyers se côtoient avec bonheur depuis 2022.  La retraitée et son mari occupent un T3. Tous les jours, on se croise. On se parle, on fait des choses, on se rend service. Parfois ça gratte. Mais les conflits sont vite réglés. Vivre ici est à la fois stimulant et apaisant.  Les copropriétaires ont dessiné les plans ensemble. Notre doyen a 92 ans. On a préféré l’ascenseur aux balcons. 
En octobre, Johan témoignait de son expérience à l’Hôtel Pasteur lors de la bourse aux projets de l’habitat participatif, organisée par les associations Parasol et l’Epok.

Tous âges, tous budgets
Quand il en trouve, l’habitat participatif gagne du terrain. Dans la métropole, douze projets sont en cours. Certains sont initiés par des habitants en autopromotion, d’autres portés par des collectivités, délégués à des promoteurs. Les uns se limitent à une poignée de familles. Mais au Bois-Perrin, « Les Passerelles » regrouperont une vingtaine de logements. Et même le double au Blosne dans « L’Îlot possible ».
Le Covid a mûri les envies de nature, de partage. Hier affaire de militants, l’habitat participatif séduit maintenant de jeunes couples au budget serré, des aînés en mal de convivialité. Philippe Jouin est coprésident de l’association Parasol : Les premiers se tournent vers la campagne où le foncier est moins cher. Les seconds optent pour la ville et ses services.

Je pense à mes vieux jours. Actuellement, je vis loin de tout en pleine campagne. Mais je ne veux pas vieillir seul dans une maison trop grande à entretenir. Je veux être avec du monde tout autour mais aussi des commerces, des services. J’ai choisi Brécé parce que je serai en plein dans le bourg. Dans l’habitat participatif, on choisit comment on veut vivre.

Michel, 70 ans, agriculteur à la retraite.En 2027, il emménagera dans le programme Le Pré des possibles, à Brécé.

Sobriété, mixité
La sobriété est un sujet qui touche Catherine. En couple avec un jeune enfant, elle aimerait franchir le pas. On n'occupe pas tous les jours la buanderie, l'atelier ou la chambre d'ami. En mutualisant ces espaces, on peut vivre tout aussi bien dans un logement plus petit, moins cher et moins énergivore. 
Tandis que l'intergénérationnel s'épanouit, la mixité sociale s'affirme aussi. Aux Passerelles, 100 % des logements étaient éligibles au bail réel solidaire (BRS). La performance environnementale demeure un incontournable. À Acigné, la résidence Ker Célu sera coiffée de panneaux solaires. Au Bois-Perrin, les Passerelles visent 60 % de matériaux biosourcés.

Carte des projets réalisés, en travaux ou à l'étude sur parasol35.org  (lien externe)

POINT DE VUE

Philippe Jouin et Isabelle Hétier, coprésidents de l’association Parasol

Quelle est la tendance ? 
L’envie d’habitat participatif a explosé après le confinement. Le Covid nous a fait redécouvrir l’importance de vivre en bon voisinage. Désormais les profils sont beaucoup plus variés. L’habitat participatif réunit des jeunes sensibles aux valeurs de l’écologie, du partage mais aussi des familles aux ressources modestes et des seniors qui recherchent d’abord la convivialité.

Quels sont les freins ? 
D’abord le foncier. Trouver un terrain disponible est devenu très compliqué. L’accès au prêt n’est pas simple non plus : le montage juridique rend certaines banques frileuses. Et puis il faut établir les plans, se mettre d’accord, trouver un partenaire solide… Tout ça prend beaucoup de temps, au minimum cinq ans. Un groupe a le temps de se défaire en cours de route ! Côté prix, on est soumis à la conjoncture économique, aux fluctuations des taux d’intérêt. Mais le bail réel solidaire (BRS) a apporté un vrai coup de pouce aux ménages modestes. Les projets gagnent en mixité sociale. 
L’autopromotion est majoritaire en zone rurale. Elle va souvent de pair avec un projet de rénovation. En ville, des promoteurs ont pris le relais en proposant des produits presque clé en main dans leur catalogue. Ce qui permet de toucher un autre public.