Découverture de la Vilaine : le début d'un chantier historique
La déconstruction de la dalle du parking Vilaine a commencé mi-octobre 2025. La technique par "grignotage" et le transport des déblais par le fleuve vont réduire les nuisances.
Les premiers coups de pelle résonnent sous le parking Vilaine à Rennes. Derrière ce chantier hors-norme, qui métamorphosera le centre-ville jusqu’en 2028, un défi écologique s’est imposé : reloger les chauves-souris protégées qui nichaient sous la dalle.
ActualitésDroits réservés : A. Loubry, Rennes Ville et Métropole
Pas facile de les voir, encore moins de les entendre. Mais des chauves-souris ont bien élu domicile sous le parking Vilaine, à l’abri des anfractuosités de la dalle, attirées par l’humidité constante et l’obscurité totale des lieux.
En phase d’études préalables, les détecteurs d’ultrasons installés aux entrées du tunnel ont révélé la présence de trois colonies d’espèces différentes – la pipistrelle commune, la pipistrelle de Nathusius et le murin de Daubenton. De la taille d’un pouce, les chiroptères mesurent 20 cm toutes ailes dehors. Quelques dizaines d’individus cohabiteraient de longue date sous la dalle. 
Le choix de démanteler le parking à l’automne ne doit rien au hasard. « L’été, les femelles mettent bas puis élèvent leurs petits. L’hiver, les chauves-souris hibernent. Leur métabolisme est au ralenti. Un réveil prématuré peut être mortel », explique Charlotte Vincent, chargée de mission biodiversité à la Ville de Rennes.
Période de transition, l’automne est une saison plus favorable. « Les chauves-souris sont mobiles. Elles se rencontrent. Elles prospectent pour trouver un gîte d’hiver. » Le calendrier du chantier a été calé sur le cycle biologique de l’animal.
La destruction du parking Vilaine implique celle de l’habitat d’une espèce protégée. Les services de l’État ont accordé une dérogation en échange de mesures compensatoires strictes, destinées à maintenir des conditions de vie favorables à l’animal.
Avant le début des travaux, des nichoirs ont été percés sous les ponts voisins, dans les « niches » des quais… En octobre, une campagne d’effarouchement au moyen de puissants projecteurs lumineux a contraint les chiroptères à déménager. Et à ne pas revenir tout de suite.
Une fois la Vilaine découverte, d’autres nichoirs seront aménagés sous la dalle République et dans les interstices des ouvrages neufs (gradins, etc.).
Les chauves-souris réintégreront-elles leur nouveau domicile ? Impossible à dire. Un comptage sera effectué à l’issue des travaux. Mais un argument pourrait peser dans la balance. Sur les quais nouvelle formule, l’éclairage nocturne de la Vilaine sera entièrement supprimé. Plongé dans le noir, le fleuve redeviendra un couloir de circulation propice aux chiroptères qui craignent la pollution lumineuse.
Olivier Brovelli
19 des 23 espèces de chauves-souris recensées en Bretagne sont présentes à Rennes. Mais il est difficile de savoir où nichent les mammifères. Les dernières investigations réalisées par les services de la Ville et les associations naturalistes n’ont pas donné de résultats probants.
La déconstruction de la dalle du parking Vilaine a commencé mi-octobre 2025. La technique par "grignotage" et le transport des déblais par le fleuve vont réduire les nuisances.
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