Autodidacte, libre et engagée : le feu créatif de Marie Karedwen

Derrière une discrétion certaine, Marie Karedwen cache un véritable feu créatif. Autodidacte bouillonnante d'idées, elle navigue avec finesse entre la photo, l'écriture, le dessin et mille autres formes artistiques. Guidée par les rencontres et une curiosité insatiable, elle donne, depuis plus de dix ans, une voix à la culture alternative locale à travers l'association L'Imprimerie nocturne.

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Portrait de Marie sur la place Saint Germain

Droits réservés : Anne-Cécile Esteve, Rennes Ville et Métropole

La bidouille au bout des doigts

Loin des parcours tout tracés, Marie Karedwen s'est construite au fil des rencontres et de ses envies, transformant sa curiosité en un véritable arsenal créatif. « J'ai tout appris sur le tas », confie-t-elle. L'écriture ? « J'ai commencé par des chroniques de disques, pour un webzine. » La photo ? « C'est lors du festival de mime que j'ai saisi l'objectif. J'ai eu des ratés, mais j'ai toujours persévéré. » Mais Marie ne s'arrête pas là et s'essaye au dessin. « C'est au contact d'illustrateurs de l'atelier Pépé Martini et de l'ambiance créative du Bar à mines que je me suis lancée. » Elle ajoute aussi à sa palette la gravure, la reliure, la couture... Si l'appétit artistique était un sport, Marie serait championne olympique !

L'Imprimerie nocturne : toute une vie

Tout commence en 2012, quand Marie crée un site web d'actus et portraits d'artistes locaux. Rapidement, L'Imprimerie nocturne (lien externe) devient une association animée par une énergie collective. « L'Imprimerie, c'est plein de projets émergents avec les bénévoles. On se réunit, on partage nos idées et nos compétences. » Principalement motivés par l'envie, le « do it yourself » et la création en bande. « On se nourrit de la richesse de chacun pour porter la voix de la culture alternative locale. » Aujourd'hui, L'Imprimerie nocturne, ce sont des revues engagées (F comme Fier.e.s, R comme Répression), des podcasts, ateliers créatifs, sélection de livres, expositions, agenda culturel, reportages...

Les aventures de Gros Ours

Pour Marie, tout se confond : pas de frontière entre vie pro et perso, juste la passion et le besoin - vital - de découverte et de nouveauté. En parallèle, Marie a aussi créé un personnage, Gros Ours, « une espèce de hérisson-souris-ours un peu grognon qui veut juste que l'été s'arrête pour mettre ses pantoufles », dont on peut suivre les réflexions sur instagram (@lesaventuresdegrosours), et que l'artiste fait vivre à travers divers objets de sa conception : trousses, magnets, cartes postales...

L'illégitimité : un combat intime

Derrière l'énergie débordante et la myriade de projets, se cache un combat intérieur : le fameux sentiment d'illégitimité. Marie ne tourne pas autour du pot : « Ce n'est que récemment que j'assume doucement ce que je fais, et je m'éclate. » Ce manque de confiance, elle l'attribue notamment au fait de n'avoir eu aucune formation officielle. Le paradoxe ? Alors même qu'elle doutait, elle lançait un média ultra indépendant pour garantir une liberté d'expression brute. En parallèle, elle travaille comme bibliothécaire pendant quelques années pour gagner sa croûte, avant de s'autoriser à demander des subventions pour certains projets. À force de persévérance, elle prouve que ce n'est pas un diplôme ou un parcours tout tracé qui fait une voix digne d'être entendue, mais bien la passion, la conviction, et la volonté de changer les choses.

affiche des 10 ans avec des cases d'illustrations

Les 10 ans de L’Imprimerie nocturne : du 4 au 29 novembre

En novembre, plongez dans l'univers de L'Imprimerie nocturne. « Il va se passer plein de choses ! » Au menu : expo photos, illustrations et une jam Elephant Jazz « avec des morceaux choisis par le public ». David Perrot présente le spectacle J'habite au 12, sur la précarité du logement, avec un humour corrosif. Les 15 et 16, aux Halles en commun : expo, atelier collage, projection du film Fanzinat, puis fête chez Grabuge avec le groupe Courtoisie. Les 29 et 30, apothéose au Grand Huit avec safari photo, sérigraphie, origami, concert du groupe Fonds perdu et son unique titre. Sans oublier Shirley Von Mac Beal avec son spectacle transformiste solo.

Plus d'infos sur : imprimerienocturne.fr (lien externe) / Insta : @imprimnoc

Fleur Gueutier