Violences sexistes et sexuelles : à Rennes, on se forme pour mieux écouter

Les violences de genre ont-elles un âge ? C’est la question soulevée par la journée d’études du 21 novembre 2025 à l’Hôtel de Rennes Métropole, autour des « spécificités et continuum des violences, de l’enfance au grand âge ». Dans le cadre du 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

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Des personnes autour d'une table en train d'écouter une présentation

Droits réservés : Elizabeth Lein, Rennes Ville et Métropole

Jouer collectif, partager les connaissances et outils sont les maîtres-mots d’une journée dédiée au continuum des violences, qui vient rappeler dans toutes les interventions l’enjeu de sensibilisation et de formation. Chaque année en France, on compte 160 000 enfants victimes de violences sexuelles, 213 000 femmes, âgées de 18 à 75 ans, victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire ou ex et un quart des féminicides touche les femmes de plus de 70 ans. Un fléau présent « à chaque étape de la vie », souligne Ahez Le Meur, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité femmes-hommes.

Identifier les violences

Ce jour-là, les expertes et structures présentes démontrent le besoin et l’importance de se former à l’écoute, l’accueil et l’accompagnement des personnes victimes de violences sexistes et sexuelles. Le court-métrage Selma, réalisé par Johanna Bedeau, base d’un kit de formation, est diffusé en introduction des conférences : au sein d’un centre de loisirs, une animatrice repère un de ses collègues à plusieurs reprises dans le lit d’un enfant et le dénonce, donnant lieu à une plainte et enquête de police.

Des outils pédagogiques

Une vieille dame avec à la main le violentomètre, un document mesurant la violence subie

Droits réservés : Elizabeth Lein, Rennes Ville et Métropole

Apprendre à repérer les signaux est un enjeu majeur pour intervenir et mettre à l’abri les victimes. Gildas Grenier, responsable du SDJES**, alerte : l’an dernier, son service a reçu « 53 signalements, un vrai déferlement de témoignages dans le champ de l’animation et du sport en Ille-et-Vilaine ». Alors pour récolter la parole et protéger les usagers, son équipe s’est formée avec les forces de l’ordre et a décidé de mieux sensibiliser « les animateurs et animatrices aux difficultés de genre ». Via la formation initiale et continue, et la transmission d’outils et de malles pédagogiques, favorisant les échanges et prises de conscience.

Partir du terrain

C’est également le but du projet européen MARVOW, dédié à la prévention, la détection et la prise en charge des violences faites aux femmes âgées. L’historienne en économie, Lucile Peytavin, y a participé : « La population vieillit et il n’y a pas d’outil pour identifier les violences à un âge avancé. » Des grilles de détection des personnes victimes et des personnes auteures ont été établies, à destination des professionnels, ainsi que des préconisations, telles que la formation des personnels. « On a beaucoup travaillé avec les aides à domicile. On doit leur donner des outils pour savoir réagir et accompagner ! »

Un travail collectif

Le réseau est essentiel pour Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides, créée en 2017 par des familles concernées : « On s’est formées auprès d’organisations et on s’entoure de partenaires compétents, à l’instar d’avocats pénalistes par exemple. Pour les premiers contacts, les familles sont écoutées par des bénévoles qui ensuite les orientent vers des structures adaptées à leurs besoins. »

S’entraider, partager les savoirs et réflexions, c’est aussi une base solide du côté du Centre de prise en charge des auteurs, comme en atteste en fin de journée Aude Le Roué : « On fait beaucoup de veille, de demandes de formation, en communication non violente par exemple, et on s’enrichit mutuellement parce qu’on vient d’horizons différents et qu’on se renseigne beaucoup sur notre temps personnel. »

Accueillir les auteurs de violences conjugales

Place aux ateliers l’après-midi. L’occasion de découvrir la mission socio-judiciaire de l’AIS 35, à destination des personnes mises en cause pour aborder les violences exercées au sein du couple. Une démarche imposée par la Justice, à travers les obligations de soins ou de stages de responsabilisation. Violences, conjugalité, émotions, conséquences sur les victimes, « on donne des outils, même s’il n’y a rien de magique… », signale Aude Le Roué, juriste qui anime le CPCA créé en 2021 : « Depuis Mazan, on a de plus en plus de volontaires souhaitant réfléchir à leurs actes violents. C’est gratuit et pas judiciaire. » Le but : protéger les victimes et lutter contre la récidive. Une mission essentielle. « C’est hyper important d’accompagner les personnes victimes mais il faut aussi traiter les causes. Ici, il n’y a pas de limite de durée... Il y a tellement de choses à déconstruire que ça prend du temps ! », conclut-elle.

*Journée d’études organisée conjointement par la Direction régionale des droits des femmes et de l’égalité femmes-hommes, le Département d’Ille-et-Vilaine et Rennes Ville et Métropole.

**Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports

En savoir plus sur Selma : https://arretonslesviolences.gouv.fr/node/164 (lien externe)