Nathacha Appanah, lauréate du Prix Goncourt des Lycéens 2025

Le Prix Goncourt des Lycéens a vu le jour en 1988 à Rennes grâce à une rencontre fortuite entre Bernard Le Doze, professeur de français, et Brigitte Stéphan, chargée de communication à la Fnac. Elle avait des livres à faire lire ; il avait des élèves prêts à découvrir la littérature contemporaine.

Si vous me fournissez des livres, je vous fournis des lecteurs , lance alors le professeur : l’accord est trouvé.  Lire le portrait de Bernard Le Doze (lien externe) dans Ici Rennes Métropole.   

L’objectif n’est pas de replonger les lycéens et les lycéennes dans les classiques, mais de leur faire lire la littérature d’aujourd’hui, de débattre, de rencontrer les auteurs et autrices, et de développer un regard critique.

Depuis, le prix, organisé par la Fnac et le Ministère de l’Éducation nationale avec l’accord de l’Académie Goncourt, implique chaque année près de 2 000 lycéens et lycéennes de toute la France et de l’étranger. Pour cette 38ème édition, deux lycées de la Métropole ont été sélectionné – Lycée Cesson Sévigné et Saint-Vincent à Rennes.

Après plusieurs semaines de lectures passionnées, d’échanges, de cafés littéraires et de débats souvent animés, les 13 délégués nationaux se sont réunis à Rennes pour les délibérations finales à huis clos.

Pour beaucoup, participer au Goncourt des Lycéens est une expérience unique.

Léna, en 1ère HLP (Humanité, Littérature et Philisophie) au lycée public de Cesson-Sévigné, raconte :  On a su à la rentrée que toute la classe était sélectionnée. On avait 14 livres. J’en ai lu 7, c’est déjà pas mal ! C’était une aventure inédite : on n’a pas tous les jours la chance de faire ça. On a organisé des cafés littéraires… sans le café ! On est un peu devenus critiques littéraires. On notait notre point de vue, ce qu’on aimait, et on votait chacun pour notre livre préféré. 

Maïlys, lycéenne à Cesson, membre du jury final, ajoute :  Ça a été super intéressant de découvrir les rouages, ce qui se passe derrière. On se rend compte que notre avis compte, ça fait plaisir. 

Le jury a choisi de distinguer La nuit au cœur, un texte où Nathacha Appanah entrelace les destins de trois femmes victimes de la violence de leur compagnon.

Résumé du livre : « De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces cœurs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu’ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l’impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d’une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du cœur, du corps, de l’esprit. De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d’avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd’hui. Cette femme, c’est moi. »

Avec une écriture à la fois précise, poétique et pudique, l’autrice explore l’énigme du féminicide, la frontière entre l’amour et la nuit, entre la survie et la mémoire.

Les lycéennes et lycéens du jury déclarent : Nous avons été bouleversés par ces trois histoires de femmes, profondément touchés par une plume alliant complexité, justesse et poésie. 

Apprenant la nouvelle en direct, la lauréate s’est montrée très émue :

Merci, merci du fond du cœur, j’aurais aimé être là et vous remercier chacun d’entre vous, vous embrassez et vous dire le grand cadeau que vous m’avez fait. À moi, à Chahinez, à Emma, à la littérature, à une manière de penser la vie, à une manière de penser le quotidien, notre passé, à une manière aussi par votre vote de penser à l’avenir. Aujourd’hui ce livre il est entre vos mains, vous en avez pris tellement soin, je suis tellement émue, merci beaucoup ! 

Une réaction chaleureuse qui a touché les élèves, conscients d’avoir offert une résonance particulière à l’ouvrage.

Depuis 38 ans, le Goncourt des Lycéens continue de faire vivre l’idée simple née dans un bureau du rectorat rennais : mettre entre les mains des lycéens les livres de leur époque, et leur donner le pouvoir d’en choisir un.