Trans Musicales de Rennes : la machine à remonter le tempo

Passer en revue les 77 groupes de la 47^e édition des Trans Musicales dans le bureau de Jean-Louis Brossard, dans l'antre de la fête, là où tout se passe... Une session de luxe, assaisonnée de commentaires, dont nous vous livrons un petit aperçu.

Des montagnes de vinyles, des photographies vintages, des objets hétéroclites… Le bureau du programmateur Jean-Louis Brossard est en quelque sorte le musée de l'histoire de Trans. C'est là qu'en compagnie de son alter ego Théo Müller (voir ci-contre), il nous a invités à envisager l'avenir immédiat du festival rennais. À savoir une 47ᵉ édition se rapprochant à grands pas de danse fiévreuse. 

Du rap féminin à la tradition revisitée, en passant par le punk mexicain (Son Rompe Pera), la techno instrumentale portugaise (Maquina) et le metal suédois (The Family Men), le passage en revue ressemble une fois de plus à un déconcertant tour du monde.

Et pourquoi pas commencer par la fin, avec Retro Cassetta ? Ce DJ venu de Marrakech ne joue que sur cassettes. Il emmènera le public jusqu'au bout de la nuit du dernier jour, et donnera l'ultime note du festival.

Avant cette fièvre du samedi soir, le public aura le temps de découvrir les nouvelles orfèvres du rap féminin : citons Linlin. Lynx Irl et Asfar Shamsi souffleront quant à elles le show à L'Aire Libre, avant de se réunir pour proposer une création. "2006, j'ai pleuré pour un pénalty, 20 ans plus tard, j'ai d'autres sortes de problématiques." Attention, refrain qui lâche !

Et, la Rennaise Odoneila ? Elle fait partie des groupes accompagnés par les Trans, c'est la nouvelle Theodora, et même qu'elle a fait pleurer Jean-Louis d'émotion, nous révèle un Théo Muller un brin taquin. Ça ne les regarde pas, c'est toi qui as pleuré, répond le premier. Une perche tendue pour évoquer le groupe queer punk anti-mascu Camion Bip Bip et son titre "Ouin Ouin".

Aux larmes, et cetera, pourrions-nous enchaîner, à propos de l'étonnant letton Domenique Dumont et son reggae très gainsbourgien. C'est bon signe quand tu passes souvent un disque, note Jean-Louis Brossard.

De la chanson napolitaine de La Nina à la mise à jour de la musique bretonne de Gregailh, avec des rondes et petit patapon, les Trans n'ont pas leur pareil pour revisiter la tradition. Je vois un moment d'exception et des mouchoirs, prophétise Théo Müller à propos du concert de Gaia Banfi, salle de la Cité.

Vous en voulez encore ? My First Time, deux gars et deux filles chaud bouillant de Bristol ; les Rennais.es de Tazz Maniacs et leur funk parodique vocodé - Mon disque survitaminé du matin, nous glisse Jean-Louis Brossard ; l'ovni jazz américain Dolphin Hyperspace, tantôt carrément cool, tantôt totalement free ; le tandem Little Barrie et Malcom Catto et ses faux airs d'Altin Gün ; la cold wave 80's de Martin Dupont - redécouverte en 2024 grâce au film Cuckoo ; l'électro dansante de Paige Kennedy ; la fièvre psyche pop de Blind Yeo ; le melting pot anglo-pakistanais de Karma Sheen ; les échappées africaines endiablées du cap-verdien Fidju Kitxora et du Nigérian Etuk Ubong -Il a joué avec Femi Kuti ; la tête d'affiche soul pop annoncée Obongjayar. Et, pour finir, un petit refrain "café clope, caca" avec les Vendéens de... Bonne Nuit ?

Du mer. 3 au dim. 7 décembre, Parc des expositions, salle de la Cité, Les Champs Libres, Le Liberté, L'Aire Libre. https://www.lestrans.com/le-festival/  (lien externe)

Jean-Baptiste Gandon