Ce qui nous lie: Camille Bondon tisse une exposition avec les habitants de Maurepas

Avec le Musée des beaux-arts de Maurepas, l’artiste Camille Bondon tisse une exposition collective avec 128 habitantes et habitants. Entre enfants, collégiennes, collégiens et associations, elle transforme émotions, objets et histoires en œuvres sensibles et partagées.

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Dans l’école Toni-Morrison, l’art comme terrain de jeu

Les enfants, à quoi reconnaît-on un visage ? demande Camille Bondon. Les réponses fusent : fâché, content, amoureux, amoureuse ! Autour de la table, les grandes sections plongent la main dans un sac en tissu et en tirent un petit galet gravé : une dent, une banane, une goutte. Oh, on dirait une dent !  s’étonne l’un, Moi j’ai une banane !  rit un autre.

À partir de ce symbole, chacun façonne un visage dans la terre. Allez, on tapote la terre, et quand on a la forme de la tête, on essaie de faire un visage, guide Camille. Wesley, cinq ans, pique la terre avec une fourchette pour créer les dents, puis utilise une longue vis pour percer les oreilles, tout en chantant.

Ces petites sculptures, les Bienveilleuses, font partie du projet d’exposition Ce qui nous lie. Elles seront visibles au Musée des beaux-arts de Maurepas, au même titre que d’autres créations des enfants. Et lors de la grande fête des Bienveilleuses, les visiteurs pourront même repartir avec une statue ! Pendant toute la durée de l’exposition des ateliers seront organisés pour continuer d’enrichir la collection collective.

Camille raconte aussi :  J’ai commencé par demander aux enfants de venir avec leur doudou. Je les ai photographiés. Dans quelles circonstances on a besoin de notre doudou ? , Quand on va se coucher, quand on est triste, fatigué répondent les enfants. Les photos seront exposées dans les vitrines-sculptures du quartier — lapins en majorité, confie-t-elle, ils ont détrôné les ours.

Les émotions deviennent motifs : dessinées sur de grandes plaques de plexiglas, elles servent ensuite de supports pour des cyanotypes réalisés sur des bouts de tissu. Nous allons réaliser avec un grand rideau, un patchwork des émotions. 

Et pour ces moments où on a envie de s’isoler ou qu’on nous fasse un gros câlin, est imaginée une cape en laine feutrée dans laquelle se glisser.

Au collège : des objets du quotidien reliés aux trésors du Musée

Avec les collégiennes et collégiens de Clotilde-Vautier, le travail change d’échelle. Je leur ai demandé de me parler d’objets du quotidien qui leur apporte réconfort, force et liberté : explique Camille. Une paire de baskets, un vélo, un carnet de croquis… Elle part ensuite dans les réserves du musée chercher un écho : une selle de cheval pour le vélo, des bottillons pour les baskets, ou une calebasse pour une bouteille d’eau. Leurs dessins, leurs paroles, leurs fragments de conversation sont exposés dans les vitrines lors des premiers mois de l’exposition.

Comment faire le lien entre témoignages contemporains et objets du passé ?  : c’est la ligne directrice. Avec l’Atelier d’arts plastiques du collège et un groupe de 6e à 3e, ils découvrent une centaine d’objets du musée et n’en sélectionnent qu’un par catégorie, souvent les plus complexes et ornés.

Puis vient l’imaginaire du futur : les Bienveilleuses créées à plusieurs mains, avec un nom, un pouvoir, une musique. Une chanson par Bienveilleuse. Une procession dans le collège permet de confier les sculptures à des lieux ou à des gardiens ou gardiennes : les professeurs.

Avec Keur Eskemm et le LAP #9 : une œuvre sonore autour du réconfort, de la force et de la liberté

Avec les jeunes adultes accompagnés par Keur Eskemm, une association maurepasienne engagée dans l’accompagnement social et culturel des 16-30 ans, et les membres du LAP (le Laboratoire Artistique Populaire, un atelier de création de six mois), Camille crée des bienveilleuses mais aussi une pièce sonore, un enregistrement de récits d’objets porteurs de force, de réconfort ou de liberté. Cette œuvre sera présentée au musée.

Ensemble, le collectif visite l’exposition Fantaisies en cours et observent les objets du premier étage. Les questions émergent : D’où viennent ces objets ? Qui les a fabriqués ? Transportés ? Comment sont-ils arrivés jusqu’à nous ? Camille ne cherche pas à y répondre :  L’objet de ces invitations, de ces commissariats d’artistes, c’est aussi de sortir les objets des réserves, d’inviter à la recherche, de les faire sortir de l’ombre. 

Une exposition habitée, qui continuera de grandir

Au final, le projet aura impliqué 128 habitants au total mais vous aussi, vous pouvez y participez ! Dans le patio du Musée transformé en atelier céramique, des étagères seront prêtes à accueillir vos propres bienveilleuses.

Alors si on résume, l’exposition « ce qui nous lie » réunira :

  • les Bienveilleuses de l’école Toni-Morrison, du collège, du LAP et vos bienveilleuses à venir ;
  • la pièce sonore Réconfort, force et liberté ;
  • la pièce textile cyanotype Nos mille visages ;
  • les objets du musée mis en regard ;
  • des expositions dans les vitrines-sculptures du quartier.

Performances, ateliers, et une grande Fête des Bienveilleuses en avril rythmeront cette expérience collective.

Retrouvez l’ensemble des informations sur le site du Musée des beaux-arts (lien externe)